Dans les cours de mandarin dispensés à l’école, il arrive fréquemment que certains apprenants réussissent sans difficulté les exercices ou les dialogues proposés, tout en exprimant ensuite : « C’est trop difficile, je ne comprends rien. »

Face à ce type de retour, les enseignants sont formés à ne pas réagir de manière précipitée. Une analyse de la situation est systématiquement menée :
– Est-ce un réel problème de compréhension ?
– Ou s’agit-il d’une réaction émotionnelle face à une difficulté perçue ?

Dans de nombreux cas, il ne s’agit pas d’un manque de compréhension, mais plutôt d’un manque de familiarité. L’école reconnaît ici une forme d’insécurité cognitive temporaire : l’apprenant a bel et bien appris, mais il n’a pas encore totalement intégré les nouvelles connaissances.

✍️Une expérience fréquemment observée

Plusieurs apprenants, lors d’activités en classe, utilisent correctement les structures enseignées, répondent avec justesse, et sont même capables d’expliquer les règles linguistiques. Pourtant, à la fin de la séance, ils affirment : « Je n’ai rien compris. »

Plutôt que de conclure à une réelle difficulté, les enseignants choisissent de reformuler les questions pour permettre à l’élève de verbaliser ce qu’il sait. Dans la majorité des cas, les apprenants parviennent alors à rappeler la règle, à l’expliquer, et à l’appliquer à de nouveaux contextes. Cette stratégie permet de mettre en lumière une réalité souvent ignorée : les élèves sont en train d’apprendre, même s’ils n’en ont pas encore pleinement conscience. L’enseignant peut alors leur dire : « Ce que vous ressentez, c’est simplement que vous n’êtes pas encore totalement à l’aise avec ce que vous venez d’apprendre. Mais cela ne signifie pas que vous n’avez rien compris. Vous êtes déjà sur le chemin de l’apprentissage. »

Ce type d’accompagnement permet souvent aux apprenants de progresser plus rapidement, non pas parce qu’ils sont plus « forts », mais parce qu’ils sont soutenus durant ces moments de doute.

💡Une illustration concrète de la pédagogie empathique

Cette observation illustre la méthode pédagogique adoptée par l’établissement : la pédagogie empathique, qui relie l’enseignement linguistique au développement socio-émotionnel.

Elle repose sur une conviction fondamentale :
➡️Enseigner, c’est aussi comprendre comment l’apprenant vit son apprentissage.

Dans ce contexte, trois principes pédagogiques ont été appliqués :
1️⃣Résonance émotionnelle
L’émotion exprimée par l’apprenant n’a pas été ignorée. Elle a été reconnue et replacée dans une perspective constructive.

✅Résultat : une relation de confiance renforcée.

2️⃣Défi positif et sécurité émotionnelle
Le contenu n’a pas été simplifié. L’enseignant a accompagné l’élève vers une prise de conscience de ses acquis.

✅Résultat : renforcement de l’estime de soi, de la motivation et de la persévérance.

3️⃣Participation active et réflexion
Par un questionnement bienveillant et des exercices d’auto-explication, l’apprenant a été amené à reconnaître ses connaissances.

✅Résultat : développement de l’autonomie et de la conscience métacognitive.

🔍Conclusion : Quand « c’est trop difficile » devient une porte, et non un mur

À l’école, enseigner une langue ne se limite pas à transmettre du contenu linguistique. C’est aussi accueillir les émotions des apprenants et les accompagner dans leur cheminement personnel.

La pédagogie empathique adoptée par l’établissement invite les enseignants à dire non pas : « Voici une version plus simple »,

mais plutôt : « Vous êtes déjà presque arrivé. Et nous sommes là pour t’aider à le voir. »

Mandyssée