Dans les cours de mandarin dispensés à l’école, il arrive fréquemment que certains apprenants réussissent sans difficulté les exercices ou les dialogues proposés, tout en exprimant ensuite : « C’est trop difficile, je ne comprends rien. »
Face à ce type de retour, les enseignants sont formés à ne pas réagir de manière précipitée. Une analyse de la situation est systématiquement menée :
– Est-ce un réel problème de compréhension ?
– Ou s’agit-il d’une réaction émotionnelle face à une difficulté perçue ?
Dans de nombreux cas, il ne s’agit pas d’un manque de compréhension, mais plutôt d’un manque de familiarité. L’école reconnaît ici une forme d’insécurité cognitive temporaire : l’apprenant a bel et bien appris, mais il n’a pas encore totalement intégré les nouvelles connaissances.
Une expérience fréquemment observée
Plusieurs apprenants, lors d’activités en classe, utilisent correctement les structures enseignées, répondent avec justesse, et sont même capables d’expliquer les règles linguistiques. Pourtant, à la fin de la séance, ils affirment : « Je n’ai rien compris. »
Plutôt que de conclure à une réelle difficulté, les enseignants choisissent de reformuler les questions pour permettre à l’élève de verbaliser ce qu’il sait. Dans la majorité des cas, les apprenants parviennent alors à rappeler la règle, à l’expliquer, et à l’appliquer à de nouveaux contextes. Cette stratégie permet de mettre en lumière une réalité souvent ignorée : les élèves sont en train d’apprendre, même s’ils n’en ont pas encore pleinement conscience. L’enseignant peut alors leur dire : « Ce que vous ressentez, c’est simplement que vous n’êtes pas encore totalement à l’aise avec ce que vous venez d’apprendre. Mais cela ne signifie pas que vous n’avez rien compris. Vous êtes déjà sur le chemin de l’apprentissage. »
Ce type d’accompagnement permet souvent aux apprenants de progresser plus rapidement, non pas parce qu’ils sont plus « forts », mais parce qu’ils sont soutenus durant ces moments de doute.
Une illustration concrète de la pédagogie empathique
Cette observation illustre la méthode pédagogique adoptée par l’établissement : la pédagogie empathique, qui relie l’enseignement linguistique au développement socio-émotionnel.
Elle repose sur une conviction fondamentale :Enseigner, c’est aussi comprendre comment l’apprenant vit son apprentissage.
Dans ce contexte, trois principes pédagogiques ont été appliqués :Résonance émotionnelle
L’émotion exprimée par l’apprenant n’a pas été ignorée. Elle a été reconnue et replacée dans une perspective constructive.
Résultat : une relation de confiance renforcée.
Défi positif et sécurité émotionnelle
Le contenu n’a pas été simplifié. L’enseignant a accompagné l’élève vers une prise de conscience de ses acquis.
Résultat : renforcement de l’estime de soi, de la motivation et de la persévérance.
Participation active et réflexion
Par un questionnement bienveillant et des exercices d’auto-explication, l’apprenant a été amené à reconnaître ses connaissances.
Résultat : développement de l’autonomie et de la conscience métacognitive.
Conclusion : Quand « c’est trop difficile » devient une porte, et non un mur
À l’école, enseigner une langue ne se limite pas à transmettre du contenu linguistique. C’est aussi accueillir les émotions des apprenants et les accompagner dans leur cheminement personnel.
La pédagogie empathique adoptée par l’établissement invite les enseignants à dire non pas : « Voici une version plus simple »,
mais plutôt : « Vous êtes déjà presque arrivé. Et nous sommes là pour t’aider à le voir. »
Mandyssée